Mardi, en passant une passerelle, Person a hésité. Chantal m'a demandé de passer devant pour montrer que c'était facile. Person est parti au trot alors que j'étais encore sur la passerelle. Il m'a fait tomber et m’est passé dessus et j'ai senti un certain nombre de chocs avec ses sabots. Au premier examen, il est apparu pas mal d'hématomes mais rien de bien grave. J'ai d'ailleurs fini l'étape et passé une plutôt bonne nuit. Comme prévu, j'ai porté la voiture à Ponferrada et suis revenu à Astorga en train de manière à pouvoir tester sur 3 jours ma résistance entre les deux villes. Malheureusement les nuits suivantes ont été beaucoup plus dures à cause des douleurs dues au choc sur le côté. Dans la journée, cela allait plutôt bien même avec le sac et nous avons fait encore deux étapes en passant en dernier la Croix de fer. Cela ne pouvait pas durer éternellement.

Dans notre malheur, nous avons eu de la chance en tombant (au sens figuré) à El Acebo sur des hôtes très gentils et parlant bien français. Le vendredi après midi, je suis allé à l’hôpital de Ponferrada après avoir récupéré la voiture. Le diagnostic a été très clair (je traduis en français pour les non hispanophones) : « peut être que c’est cassé, peut être que ce n’est pas cassé. En tout cas, cela ne change rien, il n’y a rien à faire que de se reposer et quand cela ne fera plus mal, ce sera guéri ». Les berrichons remarqueront que certaines formules magiques sont universelles.

Nous sommes remontés à El Acebo pour discuter de la situation avec nos hôtes après avoir appelé François . Person est resté à El Acebo dans un grand champ clos avec une jument et 3 chèvres et nous sommes rentrés hier à Pau pour récupérer le van. La route s’est bien passée. Aujourd’hui repos (et finale de Roland Garros). Demain (lundi) nous retournons à El Acebo pour récupérer Person. Nous espérons que cela se passera bien, El Acebo étant en pleine montagne, et que Person ne fera pas trop de difficultés à monter dans le van. Mardi, nous revenons sur Jurançon où nous avons ménagé un enclos et jeudi sans doute retour sur Clermont. Normalement, la météo devrait être avec nous avec de la pluie et des températures clémentes. J’espère que ma côte restera au niveau de douleur actuelle dans la journée et qu’une position plus confortable sera trouvée pour la nuit (cette nuit, j’essaye le transat).

Nous avons donc abandonné à un peu plus de 200km de Saint-Jacques. Nous avons fait plus de 950 km et notre forme physique au moins pour moi était bonne. Par contre, Person était saturé psychologiquement et devenait de plus en plus nerveux depuis le passage de Léon. Nous pensions lui chercher une pension autour de Ponferrada pour 2-3 semaines et finir à pied. Il n’y a pas eu besoin de le faire.

Nous tirerons peut être un bilan plus complet. Pour moi, je suis très, très content de cette aventure avec ses aléas.